Sylvie
Tubiana, notes biographiques
Née
à Boulogne-Billancourt en 1959, Sylvie Tubiana vit et travaille
à La Rochelle.
Elle suit des études à l'Ecole Nationale d'Art Décoratifs
de Nice où elle pratique différentes techniques .(dessin,
gravure, lithographie, peinture, céramique et photographie,
essentiellement en noir et blanc)
Elle fait des rencontres importantes : Xavier Arsène Henry
(architecte), André Villers (photographe), Marcel Alocco
(peintre). Désormais, elle décide de ne plus s'exprimer
qu'avec le médium de la photographie. Ses recherches la situent
dans la catégorie de la photographie plasticienne. En 1984,
elle réalise la série " Suite et-fractions "
qui est exposée au Musée Réattu d'Arles l'année
suivante.
Dans
une première période, l'image en noir et blanc est
morcelée dès la prise de vue en plusieurs dizaines
de fragments pour être ensuite recomposée. Le négatif
est utilisé non pas pour la diffusion d'une image identique,
mais comme un élément servant à composer des
images différentes. Le travail très construit s'apparente
à la composition picturale. Les lieux photographiés
sont toujours des espaces intérieurs mis en scène,
les propres lieux de vie de l'artiste, dans lesquels la lumière
et les déformations de perspectives ont une importance primordiale.
En 1987, grâce à une commande de la Maison de la Culture
de La Rochelle, la couleur apparaît dans le travail en association
avec le noir et blanc. En 1989, le format des images est agrandi
et les compositions en polyptyques se simplifient en diptyque et
triptyque. Est alors réalisée la série "
Faire Face " dans laquelle Sylvie Tubiana se confronte à
l'objectif de l'appareil photographique, série qui sera exposée
de nombreuses fois, notamment au Musée de la Photographie
de Charleroi. En 1991, elle reçoit une bourse d'aide individuelle
à la création, F.I.A.C.R.E, Ministère de la
Culture, renouvelée en 1998 et 2003. En 1992-1993, ont lieu
à La Rochelle et à Vitry-sur-Seine deux importantes
expositions montrant l'uvre sur cinq années, de 1987
à 1991, avec plus de quarante pièces.
La
deuxième période débute en 1992, avec la série
" Evénement d'espace " pour laquelle elle est lauréate
du prix Kodak de la Critique, en 1993. Cette série marque
l'abandon du noir et blanc au profit de la couleur, mais dans une
gamme minimale quasi monochrome. L'image n'est plus fragmentée,
morcelée ni assemblée, mais composée au moyen
d'une image projetée dans l'espace et déformée
sur le mur écran. Là encore, la lumière et
la perspective sont les données essentielles de ce travail
intimiste qui allie présence et absence dans une errance
au ras des murs. A partir de 1994, le corps devient objet ou prétexte
dans ce travail. Son image nue est projetée sur le mur :
étirée, pliée, brisée, colorée
de bleu ou de rouge, mise en mouvement par les seules déformations
de la perspective. Le grain de la peau s'imprègne du grain
du mur comme une peinture à fresque, les grains de lumière
sont également visibles. La lumière issue de cette
image du corps, parfois se réfléchit sur les murs
opposés. Les tirages photographiques de grand format 120
x 120 cm rejoignent l'échelle 1/1 du corps. Ces réalisations
procèdent de la mise en uvre de pratiques tant picturales
que photographiques. Des références à l'histoire
de l'art apparaissent régulièrement: de l'Eve de Cranach
à Francis Bacon, du Caravage à de La Tour.
En 2000, ce travail amorce un virage qui nous ramène à
la préoccupation originelle: la déformation du rectangle
dans l'espace. Le corps n'est plus photographié sur un fond
noir mais sur un fond blanc. Lors de la projection, ce blanc donne
l'illusion d'une boite, d'un " pliage de lumière ",
d'une prison lumineuse : le corps se dissout dans la lumière.
La présence devient plus narrative, théâtrale.
Il s'agit pour le spectateur d'interroger l'acte de voir. En 2004, à la suite d'une résidence d'artiste au Japon deux nouvelles séries ont été réalisé "Mémoire secrète" et "Onsen" mettant en valeur les matériaux et la manière de vivre dans l'architecture traditionnelle japonaise.
En parallèle, des installations in situ avec un ou plusieurs
projecteurs de diapositives se sont multipliées à
Thouars, St Brieuc, La Rochelle, Bruxelles
Ces installations,
contrairement aux tirages photographiques offrent une infinité
de points de vue et telles une sculpture de lumière invitent
le visiteur à se déplacer. Elles sont régulièrement accompagnées de bandes sonores: musiques ou textes lus, en plusieurs langues parfois. Et depuis 2003, des installations vidéos in situ.
Sylvie
Tubiana a toujours entretenu des rapports privilégiés
avec des écrivains et des poètes notamment Pierre
Veilletet, Denis Montebello, Jean-François Mathé,
Claude Chambard, Alain Richer, Sylvie Germain, Bernard Ruhaud, Masumi Midorikawa, Daniel Keene
qui
se concrétisent par des éditions et des " livres
objet ".
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